× Chuck D. Whalen { le Dom Juan de Los Angeles .

Tout le monde pense toujours que les gosses de riches ont une vie parfaite. Ils ont toujours tous ce qu'ils veulent grâce à l'argent, et avouons le, c'est plutôt vrai. Mais tout de même, l'argent ne fait pas tous. On a beau avoir toutes les voitures, tous les clubs, tous les vêtements de luxe désirés, il n'est pas rare de ressentir un vide. Un vide non comblé par l'argent. Tout le monde ressent ce vide, et il est pour tout le monde de nature différente. Prenons par exemple Chuck Evans. Il a assez d'argent pour s'acheter tous ce qu'il veut (voitures pour remplir sa collection, clubs pour agrandir son empire, etc) et assez de sex-appeal pour avoir toutes les femmes qu'il désire. Mais il a un truc qui lui a toujours manqué, et c'est bien l'amour. Enfant, il passait plus sa vie avec ses nombreux domestiques qu'avec ses parents. Et ce n'était pas comme s'ils faisaient un effort pour être plus présents. En plus de ça, le peu de fois où il les voyait, il pouvait remarquer le lien quasi-inexistant qui unissait ses deux parents. M. et Mme Evans étaient l'exemple même du mariage par intérêt et non par amour, et Chuck était sûr et certain qu'ils voyaient chacun quelqu'un d'autre. Voilà la base même du caractère du Dom Juan. Avec l'exemple de ses parents dans l'esprit, Chuck n'avait jamais su vraiment ce qu'était l'amour, et cette ignorance lui a toujours manqué. Surtout qu'avec un exemple pareil, il était difficile de croire que l'amour pouvait être une bonne chose. Imaginez donc comment le Dom Juan a bien pu réagir quand en se levant un matin il s'était rendu compte qu'il ne voyait plus d'un même oeil une de ces meilleures amies d'enfance Blair E. Swan. Il lui fallut d'ailleurs un certain temps avant de vraiment comprendre ce qu'il lui arrivait. Et une fois qu'il eut compris, Chuck eut droit à de nombreuses tentatives d'annulation de son amour. Au début, il était resté enfermé quelques temps dans sa chambre pour réfléchir à la situation. Puis il est sorti pour ne plus revenir, et ainsi passer tous son temps avec le plus de femmes possible pour oublier. Et finalement, il est parti pendant un temps dans le Sud de la France pour s'éloigner et tenter d'oublier encore une fois. Mais rien n'y faisait. Et donc il est revenu et a décidé de vivre avec ce tout nouveau sentiment en lui à New York. En même temps, il avait pas vraiment le choix. Le Dom Juan est donc resté pendant longtemps à vivre avec cet amour impossible à ses yeux, essayant toujours de le renier, et couchant avec de plus en plus de femmes, car c'était toujours à ses yeux le meilleur moyen d'oublier, ne serait-ce que pendant un court instant. Il vécut de cette manière pendant très longtemps, jusqu'à la veille de la remise des diplômes plus précisément. Pourquoi cette date ? Eh bien c'est ce jour là que par on-ne-sait-quel-moyen, Chuck avait couché avec l'amour de sa vie. Ce fut surement un des meilleurs moments de sa vie, si ce n'est le meilleur. Non, effectivement, c'était le meilleur. Mais un des pires arriva aussi juste après, quand il avait appris que Queen B était parti tout de suite après la remise des diplômes, et qu'il s'était senti comme abandonné car il avait senti qu'il ne la reverrait pas avant longtemps. Et c'était peu dire...

Voilà comment s'était déroulé la séparation de Blair et Chuck. Quand aux retrouvailles.. il fallut attendre quatre longues années, et un décès, celui de la cousine de Chuck, et ancienne très proche amie de Blair : Mary E. Spinnet. Cependant, même s'ils avaient eu l'occasion de se voir, et se parler à l'enterrement, ni l'un ni l'autre n'en avait eu la force ou l'envie. Et c'était peut être mieux comme ça. Pour Chuck du moins c'était mieux. Il lui fallait un temps pour se préparer à lui parler. Quatre ans sans la voir, sans lui parler. Quatre ans à prendre des nouvelles d'elle grâce à un de leurs amis communs. Et aussi quatre ans à se demander qui avait bien pu la mettre enceinte. Car oui, depuis qu'elle était partie, la demoiselle avait eu l'occasion d'avoir un enfant, un fils plus exactement. Et c'était là, dans un cimetière que Chuck avait l'occasion depuis si longtemps de la voir elle, et ce mini-elle. Quel endroit inapproprié... Le Dom Juan avait réussi à partir de l'enterrement sans avoir eu à rencontrer des personnes qu'il ne souhaitait pas voir, et tout c'était plus ou moins bien passé – si on peut dire que des funérailles se passent bien.

Autant l'enterrement avait été tranquille, autant la nuit qui a suivi fut assez horrible. L'insomnie. Voilà une chose que Chuck ne lui était pas arrivée depuis des années. Et déjà à l'époque, elle avait été causé par Blair. Toute la nuit le Dom Juan avait pensé au fait de la revoir, de lui parler, de lui poser toutes les questions qui trottaient dans sa tête depuis si longtemps. Mais finalement, il était peut être mieux de ne pas en parler. Ce n'était pas sain de parler de choses si vieilles. Voilà ce que conclue Chuck très tôt au matin de sa nuit d'insomnie.

Quelques jours plus tard, en se baladant dans New York, et s'arrêtant au Talon's Coffee, Chuck avait fait la rencontre la plus improbable et la plus dérangeante qui était possible. Il avait fallu qu'il tombe sur Blair et son fils pile au moment où il décidait d'aller y prendre un café. New York était immense, et il fallait qu'ils prennent tout deux un café à la même heure et surtout au même endroit ? La vie est mal faite. Ou bien faite. C'était peut être un signe du destin. Une chance à saisir.
C'est pourquoi, sur une impulsion, Chuck alla s'asseoir à la table de la femme qu'il aimait depuis des années, et de son fils qui restait encore un mystère à ses yeux. De qui pouvait-il bien être... ? Après avoir parler, et avoir annoncer son arrivée à la table, ce fut au tour de Blair de parler. Ah cette voix. Il ne l'avait pas entendu depuis tellement de temps. Et elle. Elle n'avait presque pas changé. Elle était juste peut être plus belle, la maturité lui réussissait.

« Je sais à quel point tu es occupée. Une simple personne comme moi n'oserait pas déranger une personne de ton importance jusque dans sa suite. » avait-il répondu sur un ton faussement modeste.

Encore et toujours du sarcasme. Décidément, cette caractéristique ne le lâchera jamais. C'était plutôt rare que Chuck se rabaisse par contre, même si c'était ironique. Enfin, il n'allait pas lui dire qu'il n'était pas allé la voir parce qu'il n'en avait pas le courage. Trop fier pour ça Mister Evans. Et non, il n'avait pas changé depuis tous ce temps. La fierté qui l'empêchait d'être franc envers elle à l'époque était toujours présente et pas prête de partir. Et la voir dans un lieu public plutôt que dans une suite était surement préférable. Il y avait du monde autour, et rien de compromettant ne serait donc dit. Heureusement.

Blair reprit la parole pour présenter les deux personnes masculines présentes à cette table, soit Chuck et Edward. Bien sûr, elle présenta le Dom Juan comme un ami d'enfance avec qui elle avait fait ses études et pas un homme avec qui elle avait couché avant de partir à l'étranger pendant des années. En même temps, il la voyait mal faire ce genre de présentation à son fils. La présentation d'Edward à Chuck fut par contre plus originale. Elle mit en avant le fait que le jeune garçon avait irrité de l'entêtement de sa mère. Le pauvre.

« Enchanté également, (répondit-il au garçon). ''Légendaire qualité qu'est d'être têtu'' ? (Il tourna précipitamment le visage pour regarder l'enfant) Edward, je te plains ! L'entêtement des Swan est loin d'être une qualité, je peux te l'assurer. J'espère que pour une fois ta mère se trompe. » reprit-il le sourire aux lèvres, une pointe d'ironie dans la voix, tout en prenant une cuillère de crème de son café et la portant à sa bouche.

Effectivement, être têtu comme une Swan était très loin d'être la plus grande qualité de cette famille. L'entêtement pouvait être une bonne chose, surtout que Chuck était lui aussi quelqu'un de très têtu, mais l'être autant que Blair ne risquait pas d'être de tout repos.
Le sourire toujours aux lèvres, Chuck ne cessait de dévier son regard entre Blair et Edward. Il ne pouvait s'empêcher de les admirer. Jamais il n'aurait pensé autant aimer la revoir elle, et le voir lui. Chuck qui avait appréhender cette rencontre pendant des jours était ravi de voir qu'il s'était trompé sur l'avancement des choses. Pour l'instant, tout ce passait plutôt bien. Et une chose restait toujours constamment dans les pensées de Chuck « Mais qui est ce foutu père ? ». Forcément, il était sûr que s'il demandait directement, il n'obtiendrait aucun réponse. Et à force de regarder Edward, il avait de plus en plus l'impression de reconnaître quelqu'un d'autre que Blair dans ses traits. S'il passait un moment avec, il se rendrait bien compte de qui. Il fallait donc qu'il fasse durer ce moment.

« Alors qu'est ce que vous faites en ville ? Petite visite de l'endroit où tu as vécu tant de temps avant de partir pendant si longtemps ? » demanda-t-il à Blair avec un léger ton accusateur.

Il avait posé sa question tout en exagérant le fait qu'elle était partie de NY pendant tant de temps. Il lui en voulait toujours autant d'être partie sans un mot, et il voulait qu'elle ressente son amertume. Même si c'était difficile d'être vraiment méchant avec elle. Surtout que Chuck n'était pas non plus le genre d'homme rancunier et méchant qui fait payer pour ce qu'on lui a fait. Enfin, il l'était un peu quand même. Mais pas avec Blair. Elle lui avait trop manqué, et même s'il devait se contenter de parler de banalité avec elle dans un café sans savoir ce qu'il rêvait de connaitre, il ferait avec... Il n'y a pas à dire, malgré toutes ces années passées, Chuck était toujours fou amoureux d'elle, et elle le changeait toujours autant.