Nick Todd Camdhen •• Damn rich kid {terminé}

Cela faisait peut être deux… Trois semaines qu’Arsène ne s’alimentait quasiment pas, n’allait plus en cours et surtout, ne supportait plus le contacte de la lumière. Chaque rayon lumineux qui transperçait ses rideaux le rendait fou. Il ressentait alors une vive douleur au crâne, comme si on lui enfonçait 10 000 aiguilles à l’intérieur. Un Gong incessant l’empêchait de s’endormir plus de 3 heures par nuit et il avait une fièvre qui grimpait de jour en jour sans en connaître l’origine. Il n’avait d’abord pas prêté attention à ces symptômes et s’était laisser choir dans ses activités quotidiennes… Puis c’est en plein milieu de son cours de philosophie qu’il eut la première crise. Une souffrance insupportable. Il y voyait double… Puis plus du tout. Il clignait sans cesse des yeux mais il fallut plusieurs minutes avant qu’il ne reprenne un vison clair. Puis quelque chose lui scia les tempes en même temps qu’on lui enfonçait un gourdin dans la région hypophysaire. Serrant la mâchoire, il s’était excusé auprès de son professeur et avait quitté la salle, cahiers sous le bras, la démarche peu assurée. L’infirmière lui conseilla d’aller consulter un neurologue et de faire une IRM si cela devait s’intensifier, mais c’était mal connaître Arsène que penser qu’il allait obéir. Lui qui ne voyait que son travail depuis que Roxanne était partie. Oh ce n’était pas sa faute… Ni à l’un ni à l’autre… Une histoire complexe qui avait eut raison de leur couple. Le petit prince ne pensait qu’à elle, jour et nuit… Et chaque fois qu’il cueillait un petit instant de silence, c’était pour se perdre dans les limbes infinis de ses souvenirs précieux. Sauf que voilà, la vie ne semblait pas tout à fait prête à le laisser tranquille avec ses rêves… Puisque la douleur s’acharnait à écourter ses heures de sommeil. Chaque fois, le dandy se redressait dans son lit, entouré des murs de son dortoir qui semblaient vouloir se rapprocher pour l’étouffer. La panique lui serrait le cœur mais le rationalisme reprenait toujours le dessus et il n’avait qu’à tendre le bras pour avaler les antidouleurs et calmants qu’on lui avait prescrit… Bien qu’il fini par devoir tripler la dose de façon irresponsable et dangereuse… Néanmoins, il tentait de garder ses habitudes mécaniques, monotones.. Se levait le matin, aller bosser, revenait à sa confrérie, préparait un conseil, filait à la piscine puis terminait par du baby-sitting. Fou ? Non… Inconscient ? Sûrement, et plutôt deux fois qu’une ! Il refusait tout bonnement de se faire à l’idée que son bonheur venait de s’enfuir de la même façon qu’un coup de vent frais et qu’il n’avait plus qu’à vivre dans le passé. Ce qui est révolu et donc inutile. Ces grands penseurs tels que Pascal ou Freud commençaient à lui taper sur les nerfs… Ne pas se renfermer, l’homme est misérable, la condition humaine est misérable, suicidez-vous merde ! Quelle poisse ! Et une nouvelle poignée de pilule… Il devenait un zombi. Incapable de suivre un cour sans hurler de douleur, il terminait ses journées enfermé dans un noir complet à regarder la télévision, emmitouflé dans une couverture épaisse, vêtu négligemment, le regard éteint et vidé de toute émotion… Piquant de temps à autre dans la réserve de pop corn ou de céréales de ses colocataires.

C’est un mardi, en début de matinée, qu’Arsène se convaincu d’aller consulter à l’hôpital. Il avait eu mal rien qu’à l’idée de se déplacer puis avait opté pour les transports en commun, trop peu sûr de ses reflexes pour conduire sa moto ces temps-ci. Arrivé à l’étage convenu, il s’était assis sur un siège, entre deux gamins de 15 ans tout au plus, obèses et nourris au hamburger. Un peu réticent, il baissa les yeux à la vue des regards perplexes voire intimidants des deux adolescents en question… Puis attendit. Il attendit longtemps… Assez longtemps pour ressentir déjà de nouveaux symptômes qui l’inquiétaient plus que les premiers : ses mains avaient des gestes involontaires qu’il ne pouvait contrôler. Elles se tendaient, ses doigts se tordaient un peu comme s’il voulu les étirer l’ennui c’est que… Non, il ne leur demandait rien. Faisant mine que tout était normal pour que cette mamie en face de lui arrête de le toiser comme ça, il afficha une mimique qui s’accorda à ses gestes incontrôlables… Jusqu’à ce qu’un médecin ne prononce enfin son nom.

« Mr Von Gergiovden ? »

L’interpellé se leva prudemment ( on ne sait jamais, si ses jambes avaient décidées de se la jouer rock ><) puis répondit un peu intimidé « C’est moi… »

Le fameux médecin, plutôt grand, musculature imposante mais la cinquantaine, le dirigea jusqu’à l’intérieur de son bureau derrière lequel il s’assit et déposa une liasse d’examens en croisant ses mains sur celle-ci… L’air grave.

« J’ai lu que… Vus aviez eu un cancer il y a 3 ans de cela… Qui s’est terminé il y a à peine 2 ans n’est-ce pas ? »
Arsène fronça les sourcils, un peu raidi par la question, ses paumes plaquées sur les accoudoirs.

« C’est exacte… Mais c’était une Leucémie, et c’est terminé. Ce que je veux savoir c’est pourquoi je suis comme ça aujourd’hui. Qu’est-ce qui m’arrive ? »

Le quinquagénaire sembla hésiter un instant mais, très professionnel, reprit :

« J’ai le regret de vous annoncer que vous avez un astrocytomes anaplasique… Il s’agit d’une tumeur maligne du cerveau, assez peu rependue chez les personnes de moins de 30 ans mais… »

« J’ai… J’ai un nouveau cancer ? » Coupa le jeune homme d’un air ahuri, les yeux rouges de colère. « C’est impossible… » Souffla-t-il ensuite, plus décomposé qu’autre chose.

« Oui j’imagine que cela doit être difficile pour vous sachant que vous avez déjà subi un premier traitement chimiothérapique mais… Vous savez, vos chances de guérisons sont d’autant plus grandes que la tumeur n’est pas encore trop développée… Cependant, elle à la particularité de se développer très rapidement donc… Je suis navré de vous imposer ça mais… Vous devriez commencer le traitement dès la semaine prochaine… »

Arsène se leva, ramassa son sas avec des gestes adroits bien que son visage trahisse son amertume. Ravalant sa salive, il grimaça tout en se dirigeant machinalement vers la porte :

« Je n’sais pas… Oui je… Mais je n’me sens pas capable de recommencer ça… Non je n’en suis pas capable, je préfère fermer les yeux. »

« Mais c’est impossible enfin ! Soyez raisonnable ! Vous ne pouvez pas dire non alors que vous commencez à peine votre vie. Revenez demain, nous vous programmerons votre insertion et nous ferons tout notre possible pour vous soigner dans les meilleures conditions possibles. Monsieur ! »

Too late… Le franco-russe avait déjà refermé la porte en un petit claquement sec. Déambulant dans les couloirs, il hésitât entre rire et pleurer… Mais l’image de sa première chimio lui fit mal au cœur… Non, pas question ! C’était trop dur, trop contraignant… Une année de souffrance pour recommencer ? Pourquoi… ? Il allait mourir alors ? Mais il ne voulait pas mourir non plus ! La peur avait remplacé l’espoir… Et Arsène ne pu se concentrer sur sa respiration pour ne plus apercevoir le visage de Roxanne qui s’effaçait dans son esprit, comme un film usé. Etai-ce elle ? Là-bas, au fond du couloir ? cette jeune femme aux longs cheveux et à la robe fleurie qui lui tournait le dos… Accélérant sa marche au même rytme que les battements de son cœurs, il allait la rejoindre lorsqu’au croisement, il rencontra une toute autre personne encore non identifiée contre laquelle il trébucha, les faisant tomber tous les deux comme deux cailloux lancés au hasard sur les pavés. Le choc fur brutal… Pourtant il n’avait pas mal… Et il recouvrait un corps chaud avec le sien… Un silhouette féminine sur laquelle il se sentait en sécurité. Cela lui rappela la métaphore que fait le Prince dans ce fabuleux livre de Lampedusa, concernant la mort. La mort sous la forme d’une femme… Mais il n’était pas mort ! Et l’odeur de médicament le lui rappelait... Alors quelle fut sa surprise lorsqu’il croisa le regard d’une demoiselle sur laquelle il était manifestement allongé, ses lèvres sur les siennes.